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Il y a urbanisme et bétonnage. Faisons la différence.


 
L'urbanisme est un aménagement du territoire - c'est un grand mot, mais il a du sens. Le bétonnage c'est quand on pose des immeubles sans cohérence.
Dammartin-en-Goële a connu les deux. Un aménagement dans le cadre d'une ZAC (zone d'aménagement concerté), qui est, au départ, une planification étudiée. Et le tartinage pavillonaire accompagné du bétonnage désordonné de son centre-ville au cours du mandat qui s'achève. Bien des permis de construire signés par le maire sortant seront réalisés dans les années à venir. On n'a donc pas encore vu le pire.
 
Plan de l'article :

La planification urbaine

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École Le Petit-Prince dans le quartier de la Folle-Emprince

Une "zone d'aménagement concerté" mérite qu'on s'arrête sur le nom, pour bien comprendre de quoi on parle.
C'est une "zone" : elle concerne donc un périmètre clairement défini.
C'est de "l'aménagement" : cela se fait donc après de nombreuses études qui font un équilibre entre l'habitat, les services, la zone d'activités, les déplacements, les espaces verts, naturels et boisés, la protection de la faune et de la flore et, enfin, les caractéristiques de la population.
C'est "concerté", c'est-à-dire que les partenaires de la ville ainsi que les habitants doivent être associés. Pour ce qui est de la Folle-Emprince, cela a été fait au début des années 2000. Évidemment les Dammartinois d'aujourd'hui ne sont pas, pour l'essentiel, ceux qui ont participé à l'élaboration de ce projet. Il en est toujours ainsi pour des aménagements de longue durée comme celui-ci (initié après les élections de 2002, voté en 2005, démarré en 2008 et qui est en train de se terminer).
Des études environnementales ont permis de définir les écoulements des eaux et les espaces de passage des animaux, qui ont été préservés. Les espèces locales de faune et de flore ont été recensées pour que leurs habitats soient faiblement impactés. Le projet initial - galvaudé depuis 2014 - harmonisait l'habitat groupé et l'habitat individuel, privilégiait le parcours résidentiel. Les types de logements permettaient d'accueillir diverses populations : familles avec enfants, jeunes décohabitants, première installation de jeunes couples, logements pour personnes âgées non dépendantes. De même, afin de répondre aux capacités de tout le monde, il y avait de l'accès à la propriété et du locatif. Dans le locatif il y avait du privé et de l'habitat réglementé. Enfin, les petits immeubles prévus disposaient de rez-de-chaussée afin que des commerces et des services puissent s'installer.
Bien entendu, avoir des habitants c'est avoir aussi des services : le lycée, le gymnase, la salle de spectacle et de cinéma et l'espace commercial de proximité abandonnés par la municipalité actuelle, le Pôle de Santé et de Services, un gymnase en remplacement de celui du centre-ville était aussi prévu et, par-dessus tout, une école primaire. C'est l'école Le Petit-Prince.
Les dimensions de cette école ont été étudiées par des cabinets afin qu'elle corresponde au nombre d'enfants de cette urbanisation. Ces études tenaient compte des types d'habitats : il y a moins d'enfants dans les studios et deux pièces, ainsi que dans les appartements pour personnes âgées, que dans les pavillons. La programmation de l'école en tenait compte.
Pour réaliser les viabilisations des terrains, la gestion des achats et le respect des plans urbains la ville a fait appel à un aménageur, la société Foncier Conseil, rachetée depuis par Nexity, avec lequel ont été négociées contractuellement les participations financières, les aménagements et les équipements publics.
Naturellement, si on remplace les petits collectifs par des pavillons, le nombre d'enfants augmente. C'est ce qui s'est passé depuis 2014 avec la municipalité sortante. Voyons cela.


Le tartinage et le bétonnage

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Ruelle des Filoirs
 
Parmi les premières décisions de la municipalité élue en 2014 on trouve la mise en cause de l'aménagement urbain. Cela s'est fait sans études, sans prospective sur les conséquences. Au doigt mouillé, comme on dit. Dans la ZAC les collectifs ont été supprimés et la municipalité a décidé de faire du tartinage pavillonnaire.
En supprimant les collectifs (les studios, les deux pièces, les logements pour anciens), la municipalité a supprimé les services et les commerces (il n'y a plus de rez-de-chaussées disponibles). Elle a augmenté le nombre d'enfants dans le quartier en transformant l'habitat groupé en pavillons. Donc les besoins en nombre de classes. De même parce qu'elle a aussi transformé en pavillons la salle de spectacle et de cinéma et l'espace commercial. Rien n'a été anticipé et la rentrée 2020 ne va pas être simple, mais le pire ce sera 2021.
Ce même tartinage s'est décliné en bétonnage dans le centre-ville. Ce sont près de 500 logements que le maire a autorisés, là aussi sans programmation, sans études, sans équipements d'accompagnement.
Il était prévu 20% de logements sociaux dans la ZAC, c'était le taux obligatoire à l'époque. Il est passé, depuis, à 25%. En supprimant l'habitat réglementé dans la ZAC la municipalité a été contrainte de le créer ailleurs, donc en centre-ville. Elle s'est créée cette obligation pour elle mais elle condamne aussi les municipalités à venir à continuer à en construire, sous peine de payer des amendes.
 
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Urbanisation du centre-ville (fév. 2020). Source : permis affichés en mairie.


Programmer c'est gérer le temps

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Une ville prend soin de tous les âges
 
La ZAC a été pensée pendant un mandat (2002-2008) et construite sur plus de 10 ans (première pierre en 2008) sur 83 ha. Elle accueille 815 logements, une zone d'activités, une zone de santé et de services. Ce sont près de 80 logements construits par an. C'est une croissance raisonnable.
Quand on parle de programmation c'est parce qu'on gère dans le temps. Ainsi l'école était prévue en deux phases, pour accompagner la croissance de la population. C'est inutile de construire une école qui va rester à moitié vide pendant plusieurs années alors qu'on a besoin d'investir dans bien d'autres équipements.
Cette gestion dans le temps comprenait l'installation progressive de nouveaux équipements : un gymnase destiné à remplacer celui du centre-ville, vétuste ; une salle de spectacle et de cinéma négociée avec la Région Île-de-France et le Département qui finançaient 1,7 millions d'euros ; un Pôle de Santé, initié en 2013 par Stéphane Jabut et que la municipalité actuelle n'a toujours pas terminé ; un espace commercial de proximité que la municipalité a abandonné au profit de 33 pavillons.
La salle de spectacle et de cinéma aurait dû ouvrir en 2015.
Urbaniser une ville ce n'est pas seulement - et ce n'est surtout pas - donner des permis de construire. C'est anticiper les besoins, prévoir les circulations, les déplacements et les transports. C'est programmer et financer les services et les équipements.
Ce qui se passe dans le centre-ville n'est justement pas de l'urbanisme. C'est le chaos, ce sont des permis de construire délivrés en fonction des opportunités des investisseurs, sans contrepartie : pas d'équipements nouveaux, pas d'agrandissement des écoles, pas de nouvelle école, pas de commerces, pas de stationnements, pas de salles de réunion ni de lieux collectifs.


Qui décide quoi ?

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Pendant cette campagne on a entendu tout et n'importe quoi.
Pourquoi y a-t-il l'urbanisation de Dammartin-en-Goële ? Ce n'est pas parce que les anciens maires sont tombés sur la tête. C'est parce que nous sommes riverains de l'aéroport Paris - Charles-de-Gaulle, de la zone économique la plus dynamique de France, et que nous sommes la première ville hors zone de bruit. C'est pour cela que le SDRIF (Schéma directeur de la Région Île-de-France) de 1994, il y a 26 ans, a défini notre commune comme devant accueillir des habitants. Les activités sont, pour leur part, dans la zone de bruit.
Le SDRIF fait force de loi et s'impose, que le maire le veuille ou non. C'est-à-dire que si la mairie décide de passer outre, les investisseurs s'adressent au Tribunal administratif et la ville est obligée de signer les permis de construire, sans rien négocier, par l'application brute de la loi. C'est une très mauvaise affaire.
Dans ces conditions les mairies ont deux possibilités : 
  • opter pour la programmation : cela permet de définir les conditions de l'urbanisation, de négocier les contreparties (comme par exemple le lycée), de prévoir les participations de l'aménageur (financement des écoles, participations aux équipements sportifs et culturels, aménagements routiers, espaces verts, naturels et boisés à créer, à préserver ou même à développer, etc.). C'est ce qui a été fait avec le nouveau quartier de la Folle-Emprince  ;
  • adapter le PLU sans aller plus loin : c'est ce qui se passe dans le centre-ville, le maire signe des permis de construire, les investisseurs en tirent leur bénéfice et la collectivité - avec nos impôts - paiera les équipements.


Et les espaces naturels ?

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Vue générale depuis le côteau sud, protégé comme zone naturelle à vocation agricole
 
Les municipalités précédentes ont eu des politiques de préservation des espaces naturels qui se sont déclinées de différentes manières. Notez que pendant le mandat qui s'achève il ne s'est rien passé à ce sujet.
Lors de la révision du SDRIF de 1994 (aboutie en 2013), les maires d'alors, Monique Papin puis Stéphane Jabut, ont négocié l'introduction de la coulée verte entre Dammartin-en-Goële et Othis. Au-delà de la Folle-Emprince il n'y aura pas de constructions vers Othis, c'est acté au Schéma directeur régional. Cela a été voté en 2013.
Lors des élections de 2014, à l'initiative de Dammartin-en-Goële, était à l'étude un PRIF (Périmètre régional d'intervention foncière), sur 3.600 ha, permettant de faire la jonction entre les grandes forêts de l'Oise et les bois de Montgé, préservant les bois, les espaces verts et les espaces agricoles sur toutes les communes concernées et, pour ce qui nous concerne, l'ensemble du côteau sud de la commune. Où en sommes-nous ? Nous ne savons pas si la municipalité sortante a poursuivi ce dossier. Il était alors traité en partenariat avec l'Agence des Espaces Verts de la Région, l'ONF et la Chambre d'Agriculture de Seine-et-Marne ainsi qu'avec toutes les communes riveraines.
Des espaces naturels il y en a beaucoup à l'intérieur de Dammartin-en-Goële, le plus remarquable est sans nul doute la Corbie. Achetée en 2003 par Monique Papin - les conseillers municipaux apparentés à la municipalité actuelle ont voté contre - elle a été aménagée en parc avec des subventions de la Région et du Département. Voyez l'article qui lui est dédié. La ville avait aussi acquis d'autres parcelles, sur lesquelles il y avait un projet de création d'un verger conservatoire. La municipalité actuelle l'a laissé en friche.


Et pour l'avenir ?

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Penser doux pour penser l'avenir
 
L'urbanisme concerne la manière de vivre dans un espace aménagé pour l'habitat humain. Ce n'est donc pas seulement la construction, c'est aussi tout l'aménagement qui rend une ville conviviale, active, apprenante, éducative, cultivée, équilibrée, solidaire, frugale, agile et, au bout du compte, dans laquelle on aime vivre, à tous les âges.
Dans notre projet pour 2020 - 2026 nous avons mis le développement durable, les solidarités et la participation citoyenne comme priorités du mandat.
Le développement durable concerne les matériaux de construction, la frugalité de la consommation énergétique, les modes de déplacements et de transports, la résilience alimentaire et la production locale, l'impact environnemental de nos activités. Nous pouvons déjà agir sur la consommation énergétique des bâtiments communaux. Après un audit de leur consommation nous établirons un plan de rénovation thermique.
Il est nécessaire de revoir le PLU (plan local d'urbanisme) et nous prendrons le temps pour le faire de manière à associer les Dammartinois. Le PLU est le guide de l'aménagement d'une commune pour 20 ans. C'est donc ensemble que nous réfléchirons à la manière dont nous voulons voir évoluer notre ville, en termes d'habitat, de protection de la biodiversité et du patrimoine végétal, d'équipements, de déplacements et de transports, notamment par le développement des liaisons douces et le désenclavement de la Folle-Emprince, avec des liaisons directes vers le centre-ville.
Il est très difficile, voire impossible, de revenir sur des permis déjà signés, à fortiori sur ceux qui ont commencé à être exécutés. Mais nous limiterons considérablement l'urbanisation à venir, qui sera soumise à des exigences environnementales fortes. Quant aux derniers lots de la Folle-Emprince, ils seront l'occasion de revoir à la hausse les participations financières de l'aménageur Nexity Foncier Conseil dont les profits ont été mulipliés par trois par la municipalité sortante.
Élus le 28 juin nous ferons un point précis sur l'état des permis délivrés jusque-là. L'engagement que nous pouvons prendre dès maintenant est que plus jamais les permis pour des lotissements ne seront signés en catimini. Les Dammartinois ont le droit de savoir
 
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